L'America's Cup, une compétition de riches ?

Actuellement, se déroule dans la Baie de San-Francisco les régates de la 34ème Coupe de l'America, l'une des plus vieilles compétitions de l'ère moderne [1]. Le Defender, Oracle Team USA tente de conserver, sur le sol américain, la célèbre Aiguière d'argent ramenée de Valence en 2010 après la victoire contre les Suisses d'Alinghi [2].

J'avais déjà évoqué, il y a quelques temps [3], qu'il était dommage que la France ne participe pas aux phases finales de la Coupe - notamment la désignation du Challenger lors de la Coupe Louis-Vuitton - alors qu'elle possède parmi les meilleurs experts dans le domaine des multicoques, nouvelle jauge de la compétition [4]. On constate alors qu'il est loin le temps où le Baron Bich - premier non anglophone à participer lors de éditions 1970, 1974, 1977 et 1980 - ou le navigateur Marc Pajot qui prit sa succession, sur quatre éditions lui aussi, à partir de 1987, se battaient pour atteindre la phase finale.

Depuis lors, les différents défis français n'ont, soit pas eu les moyens de participer, soit n'ont fait que de la figuration, ce qui est fort regrettable, tant les talents ne manquent pas [5]. Les sponsors ont donc déserté l'épreuve et les skippers, marins et autres designers sont passés à la concurrence, au gré des éditions, tantôt chez Oracle, Alinghi, Artémis, ou encore chez les Kiwis.

A dire vrai, ces régates ont toujours eu mauvaise presse dans l'Hexagone, et sont considérées comme un "sport de riches", une manière pour les plus fortunés de faire parler d'eux. Pourtant, à y regarder de plus près, est-ce vraiment une compétition si coûteuse que cela ?

D'après les dires de Christian "Kiki" Karcher, trois fois vainqueur de la Coupe, cette réputation est usurpée [6]. Par exemple, les Néo-Zélandais, Challenger officiel des Américains pour l'actuelle édition ont dépensé l'équivalent de 75 millions d'euros sur trois ans pour construire deux bateaux et employer une centaine de personnes. Ce budget représente le quart de ce que dépense tous les ans le club du PSG pour son effectif - un peu plus réduit. Sans compter les sommes pharaoniques engagées dans le transfert de certains joueurs. Le dernier en date, Gareth Bale aurait été acheté 100 millions d'euros par le club du Real Madrid en Espagne.

Mais comme pour beaucoup de choses, les préjugées ont la vie dure. Surtout en France.

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[1] La plus vieille étant le championnat du monde de jeu de paume créé en 1740. Suit la célèbre Boat Race, la course opposant annuellement les universités de Cambridge et d'Oxford en Angleterre qui fut fondée en 1829.
[2] Ce syndicat avait annoncée dans la foulée se retirer de la compétition.
[3] Seule la victoire est jolie, publié en juillet 2013.
[4] Les bateaux engagés sont des catamarans de 72 pieds soit 21.9 m environ.
[5] Rappelons-nous des défis Areva ou celui plus récent des frères Peyron, Energy Team.
[6] Kiki Karcher tient une chronique filmée sur Internet. La déclaration, dont je parle, est incluse dans l'une de ces vidéos, consultable à ce lien.

Les bijoux de famille

A écouter certains représentants politiques, il faudrait aller prendre l'argent des individus les plus riches pour combler les déficits et rembourser les dettes du pays [1]. Après tout, selon eux, cet argent n'est que le produit de l'exploitation du salariat et semble ne pas être assez imposée par le gouvernement [2]. En raisonnant de la sorte, ils oublient une petite chose : cela ne fonctionnera qu'une et une seule fois. Certes les finances du pays pourraient retrouver un semblant d'équilibre mais pas pour longtemps. C'est un peu comme si vous décidiez de vendre tous vos biens avant de dépenser tout l'argent récolté. A la fin vous êtes en faillite personnelle. Impossible pour vous de vous en sortir autrement qu'en participant à nouveau au processus de création de richesses...

Enlever aux investisseurs leur argent agira de la même manière. Privés de leur capital, ils ne pourraient que faire faillite disparaissant corps et biens, tout en annihilant, du même coup, toute l'économie du pays avec son cortège de pauvreté et de chômage. Alors si certains sont encore tentés par l'aventure après cela...

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[1] Quand ils ne veulent pas directement faire comme si elles n'existaient pas.
[2] Alors que nous atteignons le chiffre faramineux de 46 % de prélèvements obligatoires, un record pour le pays.

Richesses et échanges

Pour bon nombre de gens, il est inconcevable que les emplois de l'industrie cessent d'exister. Après tout, c'est ce secteur qui fabrique les biens que nous consommons tous les jours. Leur disparition et plus généralement, la baisse du poids du secondaire combiné à l'accroissement du poids du secteur des services dans la balance économique des nations occidentales, est vue comme un déclin. On a alors droit aux slogans tous plus démagogiques les uns que les autres : "on ne produit plus rien en France", "il faut réindustrialiser le pays" ou encore "acheter français" [1].

Pour montrer qu'ils sont à l'écoute des attentes de la population - et surtout par électoralisme - les gouvernements font des pieds et des mains pour sauver ces emplois industriels à coup de niches fiscales ou de subventions en tout genre [2]. Pourtant en repoussant l’inéluctable, ils ne font en réalité qu'aggraver la situation existante. Mais revenons au début. Pourquoi est-ce que l'emploi industriel diminue ?

Gain de productivité


Commençons par remonter le temps de quelques décennies. Imaginez que pour fonctionner une usine doive déplacer de lourdes charges d'un entrepôt jusqu'à ses chaînes de production. Pour accomplir cette tâche, elle a engagé six hommes à temps plein. Souvent mal payé, ce travail est dur, voire dangereux. Qui plus est, les capacités de production sont limitées par ces déplacements (apport en matière première d'une machine par exemple). Certains diront que la phase de transport donne du travail à six personnes. Aujourd'hui, si une situation comparable se présentait, un seul homme, avec un chariot élévateur serait suffisant pour accomplir le même travail voire mieux [3]. Dans notre cas, c'est l'arrivée de la machine qui a permis de faire un gain significatif de productivité. Conséquence : le travail est effectué plus rapidement et pour un coût inférieur - à ressources initiales équivalentes -, ce dernier paramètre étant apprécié par l'acheteur. Les gains de productivité ont aussi un impact sur les salaires qui, dès lors, augmentent. 

En prenant connaissance de ce changement, le premier socialiste venu vous dira que cinq personnes ont perdu leur emploi, que la quantité de travail diminue d'un côté tandis que les profits s'accumulent de l'autre. Pour rétablir l'équilibre, l'entreprise devrait réduire la part de travail du manutentionnaire pour garder les six emplois, rognant sur les gains obtenus. Ce faisant, ils commettent une erreur de raisonnement. Ce qu'il faut comprendre, en fait, c'est que les cinq personnes sont désormais disponibles pour prendre un autre emploi. Que leurs compétences seront utilisées ailleurs, comme pour concevoir, fabriquer, vendre, entretenir ou encore former le salarié pour piloter le nouvel équipement, par exemple. Et contrairement au travail de manœuvre, ces emplois sont mieux rémunérés car ils supposent une création de valeur plus importante.

Une réalité sans cesse niée


Cet exemple peut être généralisé à tous les secteurs de l'industrie, des plus simples au plus complexes. Le marché évolue et nos habitudes de vie changent. De fait, nous consommons aujourd'hui proportionnellement plus de services que par le passé. D'ailleurs si vous revenez à l'exemple, cela ne vous aura pas échappé que les nouveaux emplois créés ont déplacé le centre de gravité de l'économie dans le secteur tertiaire : concevoir les plans de l'engin, le vendre... Et ils n'existaient pas avant le saut technologique.

Méprisant cette réalité, nos représentants politiques refusant de prendre en compte ses arguments. Pour eux il n'y a qu'un seul ennemi, une seule raison à cette baisse de l'emploi industriel : la mondialisation des échanges qui a entraîné la délocalisation des sites de production - ce sont les pauvres qui viennent vous prendre vos emplois - vers les pays à bas coût comme la Chine. Pourtant, au regard de l'histoire, ce reflux du nombre d'emplois dans l'industrie a toujours existé : la tendance est quasi linéaire depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, c'est-à-dire bien avant que le commerce soit autant globalisé.

Leur réaction est alors immédiate : il faut rétablir les frontières douanières comme autrefois et introduire une dose de protectionnisme pour les secteurs jugés stratégiques [4]. Encore une fois le raisonnement est tronqué car nos dirigeants oublient d'inclure un élément important : nos besoins se sont diversifiés et sont plus nombreux. Et ce changement de comportement nécessite de diversifier les compétences à mettre en oeuvre pour les satisfaire. Or il faut garder à l'esprit qu'il est plus efficace, pour un groupe humain, de diviser le travail, organisation qui consiste pour une personne à se spécialiser dans un domaine plutôt que de les embrasser tous. Dès lors, restreindre la zone géographique dans laquelle s'effectue cette division du travail revient à l'appauvrir : le partage de ressources, d'informations et de compétences ne sera plus aussi efficace.

Cette extension de la surface du marché se matérialise aussi par les délocalisations. Mais à bien y réfléchir, on note que ce phénomène a lui aussi toujours existé, à l'échelle d'une ville, d'une région ou d'un pays. Le développement des transports maritimes notamment - l'invention du conteneur a beaucoup apporté dans ce cas - l'a juste étendu à l'échelle mondiale, en augmentant les échanges entre les pays et donc les individus.

Échanges et création de richesses


Et qui dit plus d'échanges, dit augmentation des richesses produites. Il ne faut pas perdre de vue, ici, que la croissance n'est pas tant une mesure des biens ou des services produits que des échanges qui peuvent se créer. Dès lors aucune limite n'existe si ce n'est notre imagination. Quant à la contrainte des ressources énergétiques, dictée par les Malthusiens, elle s'effondre quand on sait que l'homme est capable d'en inventer de nouvelles : énergie des vagues, biocarburants de troisième génération [5], thorium [6],... Nous n'avons donc pas fini d'exploiter toute le potentiel de notre environnement [7].

En outre, quand deux entités décident d'échanger quelque chose entre elles, elles en sortent toutes les deux gagnantes : les pays pauvres créent des emplois et nous, nous avons accès à des produits à des prix bien plus bas. Contrairement à ce qu'essaient de nous faire croire nos élites politiciennes, aucune personne n'est censé s'appauvrir tandis qu'une autre s'enrichit : il n'y a donc pas de perdant. Excepté si une troisième entité vient semer la zizanie en empêchant le contrat de se nouer librement. Ainsi, quand il s'interpose à la création de nouveaux liens profitables, l'état dégrade la situation et provoque chômage, pauvreté voire de pénurie. C'est la décroissance qui s'installe alors.

Pourtant au lieu de s’interroger sur le conservatisme de leurs décisions, les états occidentaux accablent ce qui est à l'origine de la production de richesses, au risque de le déséquilibrer voire de l'arrêter. Plus inquiétant, des tensions peuvent apparaître entre les pays quand ils s'avèrent que certains tentent de changer les règles du jeu pour des questions électorales ou du fait de pressions en provenance de certaines corporations, choisissant d'ignorer la réalité, aggravant leurs crises internes. Jusqu'à la rupture totale du système...

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[1] Discours entendus régulièrement. Rappelons-nous qu'Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, est un farouche partisan de la démondialisation.
[2] L'exemple de l'usine Arcelor-Mittal à Florange est représentative de ce type de politique.
[3] A noter que certains entrepôts sont aujourd'hui totalement automatisés, notamment dans les zones portuaires.
[4] L'énergie, les technologies de pointe,...
[5] Les biocarburants de troisième génération sont produits à partir de micro-algues. Ils ne mettent donc pas en danger approvisionnement en produits agricoles.
[6] Le thorium pourrait être utilisé comme alternative à l'uranium dans l'industrie nucléaire. Plus abondant dans l'écorce terrestre, il produit aussi moins de déchets.
[7] Ce n'est pas une raison pour l'endommager, hein.

Fortune politicienne

Vous vous rappelez certainement de la publication, voici quelques mois, des patrimoines des ministres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, suite à la fameuse affaire Jérôme Cahuzac [1]. A la lumière des chiffres assez farfelus qui avaient été données par certains, une petite réflexion s'est imposée à moi.

Faisons abstraction de tout cela et posons-nous la question suivante : d'où provient la fortune d'un ministre - ou plus généralement d'une personnalité politique [2] - qui a été élu sans discontinuité depuis qu'il a 30 ou 40 ans ? Comment a-t-il pu accumuler de telles sommes d'argent ?

Il se trouve que la plupart du temps, ces personnes proviennent d'écoles prestigieuses - ENA, IEP, Normale Sup, Polytechnique - avant d'avoir intégré la haute fonction publique. Bombardé conseiller ou chargé de mission, ils se sont ensuite vu investi par leurs partis respectifs dans quelques circonscriptions tantôt pour les cantonales ou les régionales, tantôt pour les législatives, le Graal suprême. Très peu sont issus d'entreprises privées et on a parfois l'impression que le milieu est cadenassé par une poignée de gens [3]. Leur carrière politique se poursuit sue plusieurs décennies, au gré des changements de majorité et des démissions de suppléants. Une fois battus, certains cherchent à rebondir ailleurs ou attendent patiemment au chaud dans un des nombreux placards de notre république.

En aucun cas, ils n'auraient l'idée de repartir créer un peu de richesses dans une entreprise privée - à quelques exceptions notables - mettant ainsi en oeuvre leurs vastes connaissances [4]. Non ce serait trop beau. Pourtant, à l'âge où ils quittent -enfin - la politique, on les retrouve à la tête de patrimoines assez conséquents. N'en doutez plus chers contribuables : cet argent n'est autre que l'accumulation sur plusieurs décennies de salaires et autres émoluments de nos élus d'autant plus qu'ils pratiquent avec une assiduité déconcertante le cumul des mandats et des fonctions, touchant ainsi des jetons de présence. Et comme l'argent ne pousse pas dans les arbres, ce sont vos impôts et vos taxes qui les font vivre.

A raison de 36 600 communes,  22 régions et une centaine de départements, vous pouvez mesurer assez rapidement l'étendue de l'argent que nous coûte nos élus tous les ans. Et cela est d'autant plus regrettable que, contrairement à ce qui se passe dans le secteur privé, il n'y a pas d'exigence de résultats au final... On en voit chaque jour un peu plus les dégâts...

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[1] Accusé d'avoir dissimulé de l'argent au fisc français.
[2] Rappelons-nous de la maison d'architecte de Claude Bartolone ou encore de la villa - largement sous-évaluée - des Hollande/Royal dans le sud.
[3] Ce n'est pas qu'une impression pour moi.
[4] Connaissances assez conservatrices du reste.

Vous avez deux vaches... la fin

Pour terminer cette petite séquence, le point de vue de certaines philosophies...

Bouddhisme : Vous avez et vous n'avez pas deux vaches. En réalité, ni vous, ni les vaches, n'ont jamais existé.
Cartésianisme : Vous avez deux vaches. Donc vous êtes.
Dadaïsme [1] : Vous avez deux girafes. Le gouvernement exige que vous leur donniez des leçons d'harmonica.
Existentialisme [2] : Vous avez deux vaches. Elles refusent leur condition de vache, et décident d'exister harengs.
Féminisme : Vous avez deux vaches. Elles se marient et adoptent un veau.
Misanthropie : Vous vivez avec deux vaches.
Monty-Pythisme [3] : Fetchez la vache ! 
Nihilisme : Est-ce que ça a vraiment de l'importance ?
Nietzschéisme : Vous avez deux vaches. Elles deviennent des sur-vaches et décident de vous traire.
Pacifisme : Vous avez deux vaches. Elles vous piétinent.
Platonisme : Vous voyez le reflet de deux vaches. Leur lait a le goût de l'eau. Vous cherchez deux vraies vaches à traire.
Scepticisme : Il se peut que vos ayez deux vaches, mais rien n'est moins sur.
Schopenhauerisme : Vous avez deux vaches. L'une meurt de désespoir; l'autre désespère de mourir.
Socratisme : Combien ai-je de vaches ? Pourquoi ?
Taoïsme : Vous avez deux vaches. Pendant que vous réfléchissez à ce que vous allez en faire, elles meurent de faim.
Surréalisme [4] : Prisonniers des gouttes d'eau, vous n'êtes que des vaches perpétuelles.
Yodisme [5] : Deux vaches tu as. Traie-les ou ne les traie pas, il n'y a pas à essayer…

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[1] Mouvement philosophique et artistique créé pendant la Première Guerre Mondiale par Tristan Tzara (1896-1963).
[2] Théorie due à Jean-Paul Sartre...
[3] Du film Monty Python : Sacré Graal, réalisé par Terry Gilliam et sorti en 1975.
[4] Mouvement initié par André Breton (1896-1966). Il est l'héritier du dadaïsme.
[5] De Star Wars nous parlons...

Vous avez deux vaches... la suite

Les petites définitions de "vous avez deux vaches" se déclinent aussi selon le pays - ou la région - dans lequel vous vous trouvez. J'ai ici retenu quelques unes d'entre elles qui m'ont paru amusantes...

Andorre : Vous avez deux vaches, mais pas la place pour les ranger.
Angleterre : Vous avez deux vaches. Vous tuez une des vaches pour la donner à manger à l'autre. La vache vivante devient folle. L'Europe vous subventionne pour l'abattre. Vous la donnez à manger à vos deux moutons.
Bordurie [1] : Vous trouvez deux vaches dans le terrain vague du bidonville : vous envoyez un gamin prévenir la Gendarmskaïa que des extraterrestres à l'allure pacifique ont envahi le pays du Maréchal Plekszy-Gladz.
Brésil : Vous avez une vache ; vous brûlez 10 hectares de forêt vierge et vous y laissez la vache. Elle rencontre le taureau (qui était probablement une vache il y a 2 ans, avant son opération) du voisin et vous vous retrouvez rapidement avec une dizaine de vaches. Pour faire de la place, on brûle encore 50 hectares de forêt.
Cambodge : Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend et vous tue en vous accusant de comploter avec vos vaches contre le Parti.
Chine : Vous avez deux cochons. Le gouvernement lance une campagne pour vous convaincre de les donner "volontairement" afin de fournir de la viande aux travailleurs des villes. Puis le gouvernement déclare que le peuple n'a pas besoin de cochons pour faire de la viande de porc. En vous aidant des passages adéquats de votre petit livre rouge, vous et vos voisins tentez de créer de la viande de porc par la force de la volonté. Le responsable local du parti annonce que vous avez dépassé tous les objectifs. Vous et vos voisins mourez de faim.
Corée du Nord : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous les prend, en tue une, trait l'autre et boit le lait lui-même, vous mourrez de faim.
Corse : Vous avez deux cochons qui courent dans la forêt. Vous déclarez vingt vaches et vous touchez les subventions européennes.
Cuba : Vous avez deux vaches. Elles meurent de la fièvre aphteuse. Fidel vous dit que ce sont des espions de la CIA qui l'ont inoculée à vos vaches pour affaiblir le régime. Vous et votre famille crevez de faim.
Etats-Unis : Le gouvernement promet de vous donner deux vaches si vous votez pour lui. Après les élections, le président fait l'objet d'une procédure d'impeachment pour avoir spéculé sur les obligations bovines. La presse rebaptise le scandale "Cowgate".
Europe : Vous avez deux vaches. On vous subventionne la 1ère année pour acheter une 3ème vache. On fixe des quotas la 2ème année et vous payez une amende pour surproduction. On vous donne une prime la 3ème année pour abattre la 3ème vache [2].
France : Vous avez deux vaches. Pour financer la retraite de vos deux vaches, le gouvernement décide de lever un nouvel impôt : la CSSANAB (cotisation sociale de solidarité avec nos amis les bêtes). Deux ans après, comme la France a récupéré une partie du cheptel britannique, le système est déficitaire. Pour financer le déficit on lève un nouvel impôt sur la production du lait : le RAB (Remboursement de l'Ardoise Bovine). Les vaches se mettent en grève. Il n'y a plus de lait. Les français sont dans la rue: "DU LAIT ON VEUT DU LAIT". La France construit un "laitoduc" sous la manche pour s'approvisionner auprès des Anglais. L'Europe déclare le lait anglais impropre à la consommation. Le laitoduc ne servira jamais. On lève un nouvel impôt pour l'entretien du laitoduc [3].
Hong-Kong : Vous avez deux vaches. Vous en vendez trois à votre société cotée en bourse en utilisant des lettres de créance ouvertes par votre beau-frère auprès de votre banque. Puis vous faites un "échange de dettes contre participation", assorti d'une offre publique, et vous récupérez quatre vaches dans l'opération tout en bénéficiant d'un abattement fiscal pour entretien de cinq vaches. Les droits sur le lait de six vaches sont alors transférés par un intermédiaire panaméen sur le compte d'une société des îles Caïman, détenue clandestinement par un actionnaire qui revend à votre société cotée les droits sur le lait de sept vaches.Au rapport de ladite société figurent huit ruminants, avec option d'achat sur une bête supplémentaire. Entre temps vous abattez les deux vaches parce que leur horoscope est défavorable.
Inde : Vous avez deux vaches. Vous leur portez un culte, les adorez et vous leur faites des offrandes.
Luxembourg : Vous avez deux vaches mais tout le monde s'en fout car personne ne sait vraiment à quoi vous servez.
Monaco : Vous avez un pré. Vous le défiscalisez et vous le louez le centimètre carré au plus offrant pour attirer les meilleures vaches à lait.
Normandie : Vous avez deux vaches. Comme tout habitant de la Normandie.
Québec : Vous avez deux vaches. Vous les trayez, fabriquez du fromage, que vous mélangez avec des frites et de la sauce brune [4]. Les deux vaches tombent en dépression, refusent de donner du lait et s'offrent une retraite sur le dos de la CSST [5].
Russie : Vous avez deux vaches. Vous les comptez pour vous rendre compte que vous avez cinq vaches. Vous les recomptez pour vous apercevoir que vous en avez quarante-deux. Vous les recomptez encore une fois pour découvrir qu'il n'en reste plus que douze. Vous arrêtez de les compter et vous ouvrez une nouvelle bouteille de vodka.
Singapour : Vous avez deux vaches. Vous écopez d'une amende pour détention de bétail en appartement.
Suède : Vous avez besoin de deux vaches. Vous achetez des vaches Ikea à assembler vous-même (c'est moins cher). Les vaches Volvo sont peut-être moins à la mode mais elles durent plus longtemps.
Suisse : Vous avez cinq mille vaches, mais aucune ne vous appartient. Vous les gardez en cachette pour le compte d'autres personnes.
URSS [6] : Vous avez deux vaches. Le peuple a deux vaches. Bon allez, Staline a deux vaches. Vous aviez 2 vaches ?

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[1] Pays voisin de la Syldavie.
[2] Une variante existe pour celle-là : Vous avez deux vaches. L'Union Européenne développe un système de quotas limitant les émissions de gaz à effet de serre des vaches pétomanes. Vous revendez vos droits d'émission de carbone, mais pas le lait.
[3] Une variante existe pour celle-là : Vous avez deux vaches. Les deux vaches forment un syndicat et se mettent en grève.
[4] La fameuse poutine...
[5] CSST est l'acronyme pour Commission de la santé et de la sécurité du travail.
[6] Pour les plus jeunes, l'URSS est la réunification de quinze républiques estampillées de la faucille et du marteau...

Taxation multiple et capital

Depuis plusieurs années déjà, la fiscalité en France s'est accrue de manière disproportionnée. L'absence de maîtrise des dépenses oblige les gouvernements successifs à rechercher des ressources financières supplémentaires en levant de nouveaux impôts. Et pour le coup, les éminences grises de l'Elysée, Matignon ou Bercy ne manquent pas d'imagination. Leur dernière invention en date est une merveille de machiavélisme : taxer les loyers fictifs [1]. En clair, le gouvernement chercherait à imposer des loyers que vous percevriez si vous mettiez votre logement à la location. Une fois ce nouvel édifice fiscal mis en place, pourquoi ne pas continuer sur cette voie en taxant l'essence que vous utiliseriez même si vous ne vous déplacez qu'à vélo ?

Autant dire que pour en arriver à de telles idées, les services fiscaux doivent être sérieusement en manque d'argent frais [2]. Il est vrai que le budget présenté la semaine dernière est loin de rassurer nos partenaires : avec un déficit estimé à 4.1 % du PIB pour l'année 2014, nous sommes classés parmi les mauvais élèves. S'ajoute à cela l'irresponsabilité des comptables de l'état : pour eux, les nouvelles recettes - à supposer que la ponction soit à la hauteur des espérances ce qui est de moins en moins probable - ne servent pas à boucher les trous béants déjà existants mais à en creuser de nouveaux... Plus d'impôts appellent plus de dépenses. Hilarant pour l'observateur de passage, plus inquiétant pour le contribuable qui n'en finit plus de donner son argent.

Au delà des nouvelles taxes, impôts et cotisations plus ou moins volontaires, Bercy n'hésite pas à donner un tour de vis conséquent à ce qui existe déjà : impôt sur le revenu, CSG, TVA,... D'ailleurs, il demeure que l'ensemble produise un effet pervers : une même richesse peut être imposée, taxée à plusieurs reprises [3]. Cela pourrait s'apparenter à une atteinte à la propriété privée non ? Et pourtant, le plus souvent, sans que les gens s'en rendent compte, un tel mécanisme est déjà en place. Prenons un exemple.

Un jeune couple décide d'acheter un logement. Le mari et la femme travaillent tous les deux : lui est cadre supérieur dans une société pétrolière tandis que elle, est chirurgien dentiste dans un cabinet. Leurs revenus leur permettent de vivre relativement confortablement, mais l'arrivée de ce bébé les obligent à changer de logement. Leur choix s'est orienté vers une maison de banlieue, 200 m2 habitable, disposant d'un vaste jardin. Le vendeur leur demande un prix de 550 000 euros. Là, commence la grande aventure de l'accession à la propriété foncière.

Le couple dispose de quelques économies provenant à la fois de leur travail et d'un héritage [4]. Cet apport initial est de 100 000 euros. Le reste de la somme - 450 000 euros - proviendra d'un prêt sur 20 ans à 4 % [5]. Une fois acquise, les jeunes parents commencent à s'installer, achetant du nouveau mobilier et faisant quelques aménagements d'intérieur. Les voilà donc à la tête d'un "capital" s'élevant à 550 000 euros. Dans sa grande mansuétude, l'état ne tarde pas à se rappeler à leur bon souvenir : tous les ans, les taxes locales - taxe foncière et taxe d’habitation - vont venir s'ajouter au prêt à rembourser. Prêt qui rappelons-le est pris sur leurs salaires, déjà taxés au titre de l'impôt sur le revenu. Sans compter l'entretien inhérent du logement.

Avec le temps, les revenus du couple augmentent : le mari est passé directeur du marketing sur l'ensemble de la France tandis que sa femme est devenue associée dans son cabinet de dentiste à hauteur de 25 %. Désormais parents de trois enfants, leur maison a aussi pris de la valeur et le foyer fiscal en vient à posséder suffisamment de biens pour être assujetti à l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune. Alors certains me diront qu'avec leur niveau de vie, donner cet argent ne met pas ce couple en difficulté, qu'ils ne risquent pas de se retrouver à la rue, et c'est effectivement le cas. Cependant, le principe même de taxer encore une fois un capital déjà passablement essoré par des ponctions successives, toujours plus importantes vient à poser une question  : est-ce moral de procéder ainsi ?

Les partisans du "le capital est mal réparti" diront que oui. Les riches accumulent trop de richesses - qui est un vol - et par conséquent, ils doivent participer plus que les autres à l'effort de solidarité envers les plus démunis. Ce raisonnement leur fait oublier, au passage, que sans ce capital, aucun emploi - et donc par conséquent aucune richesse - ne pourrait être créé. Les défenseurs de la propriété, comme moi, croiront que la taxation du capital est une atteinte à l'un des droits imprescriptibles jadis inscrits dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen [6]. Mais il est vrai que celle de 1948 est passée derrière [7]. Qui plus, elle pénalise grandement l'investissement, chose qui manque cruellement à bon nombre de sociétés...

En tout état de cause, ce type de fiscalité est d'autant plus injuste que certaines formes de capital ne sont pas imposables et on citera, par exemple, les œuvres d'art et autres antiquités. Pour se justifier, le gouvernement argue que soumettre ces objets à l'ISF pénaliserait grandement le marché de l'art en France. Conclusion : plutôt que d’investir dans une entreprise, préférez acheter un Rembrandt ou un Renoir. Des impôts en moins. Des emplois aussi d'ailleurs... Mais aveuglées par le dogme de la justice sociale et le spectre des élections, nos élites se moquent des conséquences que cela engendre. Et actionnent à nouveau le levier de l'impôt...

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[1] Un article du site Economie Matin vous en dira plus. Il est consultable à ce lien.
[2] On s'en doutait déjà depuis un moment... Chaque fois qu'un gouvernement arrive et voit les vrais chiffres des comptes publics, il se rend compte que le pays serait en faillite s'il fonctionnait comme une entreprise.
[3] L’exemple du fonctionnement de la TPS et de la TVQ (taxes sur la valeur ajoutée au Québec) est assez parlant.
[4] Déjà passé à la moulinette des frais de succession...
[5] Les mensualités seront de 2726.91 euros, soit à terme une somme de 654458,4 euros à rembourser, selon ma simulation.
[6] Voir l'un de mes précédents billets : La Déclaration oubliée.
[7] La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme dont l'intégralité est intégrée à la Constitution de 1958.

Vous avez deux vaches...

Vous avez peut-être déjà entendu ces petites définitions des différentes systèmes politiques ayant œuvré ou œuvrant encore sur notre planète [1]. Un petit florilège...

Anarchie : Vous avez deux vaches. Vous les laissez se traire en autogestion, elles scissionnent.
Anarcho-capitalismeVous avez deux vaches. Un fonctionnaire des trésors publique vient vous taxer votre lait. Vous le traînez dans le fumier et le foutez dehors à coup de pompes.
AutonomismeVous avez deux vaches. Vous les laissez faire ce qu'elles veulent.
Bureaucratie : Vous avez deux vaches. Le gouvernement publie des règles d'hygiène qui vous invitent à en abattre une. Après quoi il vous fait déclarer la quantité de lait que vous avez pu traire de l'autre, il vous achète le lait et il le jette. Enfin il vous fait remplir des formulaires pour déclarer la vache manquante.
Capitalisme : Vous avez deux vaches. Vous en vendez une, et vous achetez un taureau pour faire des petits [2].
Capitalisme sauvage : Vous avez deux vaches. Vous équarrissez l'une, vous forcez l'autre à produire autant que quatre, et vous licenciez finalement l'ouvrier qui s'en occupait en l'accusant d'avoir laissé la vache mourir d'épuisement.
Communisme : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend les deux et vous fournit en lait [3].
Conspirationnisme : Vous n'avez pas de vaches. Il n'y a jamais eu de vaches ici. Il n'y a rien à voir.
Constructivisme : Vous avez deux vaches. Ou bien sont-ce ces vaches qui vous ont.
Dictature : Vous avez deux vaches. Les miliciens les confisquent et vous fusillent.
Dictature militaireVous avez deux vaches. Le gouvernement les prend toutes les deux et vous enrôle dans l'armée.
Démocratie : Vous avez deux vaches. Un vote décide à qui appartient le lait.
Démocratie directeVous avez deux vaches. Un comité organise un référendum pour vous obliger à en revendre une. Deux ans plus tard, le vote vous autorise à les garder mais quand vous voulez les traire, une association émet une réserve de droit. Quand vous pouvez enfin traire légalement vos vaches, elles sont mortes.
Démocratie médiatique : Vous avez deux rhinocéros. Mais grâce à un montage savamment articulé, tout le monde les croit vaches.
Démocratie participative : Vous avez deux vachitudes. Ségolène Royal vient leur demander leur avis pour savoir comment gérer le lait si un jour elle est présidente.
Démocratie représentative : Vous avez deux vaches. Une élection désigne celui qui décidera à qui appartient le lait.
Ecologie : Vous avez deux vaches. Vous gardez le lait et le gouvernement vous achète la bouse.
Economie dirigéeVous avez deux vaches. Le ministre vous les prend, en abat une, embauche deux fonctionnaires pour traire la seconde, puis jette le lait. 
Fascisme : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend les deux et vous vend le lait.
Féminisme : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous inflige une amende pour discrimination. Vous changez une de vos vaches pour un taureau que vous trayez aussi.
Féodalisme : Vous avez deux vaches. Le seigneur s'arroge la moitié du lait.
FondamentalismeVous avez deux vaches. Malheureusement, la Bible ne mentionne pas les vaches donc le gouvernement les confisque car elles n'existent pas.
Futur technologiqueVous avez deux vaches. Vous les clonez. Le consortium fasciste mondial et technologique vous oblige de les munir de badges équipés de puces RFID, ce qui vous permettra de suivre le déplacement de votre cheptel sur internet, grâce au coûteux réseau maillé de capteurs qu'on vous a fait placer sur l'ensemble de vos pâturages. Vous devez les nourrir à l'aide d'herbe transgénique fournie par la filiale Monsanto du consortium et doper leur rendement lactique à l'aide d'injections diverses fournies au prix fort par la branche pharmaceutique du consortium. Vous devez les équiper de pots catalytiques afin de réduire l'émission de CO2, cause supposée de l'effet de serre. Vous avez bien du mal à rembourser vos traites depuis la réduction des dividendes de votre fond de pension. Les vaches des pays émergents sont plus productives que les vôtres, à la demande du conseil d'administration, vous devez licencier la moitié de vos employés pour faire grimper vos actions en bourse (cela fait déjà longtemps que vous n'êtes plus actionnaire majoritaire de vos vaches, mais on vous a jusqu'à présent laissé un droit de regard dans la gestion du cheptel).
Indépendantisme : Vous avez deux vaches. Les vaches décident que vous n'avez aucun droit sur leur lait et vous quittent pour former leur propre société.
Individualisme : Vous avez deux vaches. Qu'elles se débrouillent sans vous!
IndustrialismeVous avez deux vaches. Vous les disséquez et réfléchissez à la manière de les remplacer par une usine de production de lait de synthèse.
LibertarianismeDehors ! Ce que je fais de mes vaches n'est pas vos oignons.
Mafia : Vous avez deux vaches. Des tueurs à gages en tuent une et déposent sa tête dans votre lit. On vous offre une protection pour l'autre en échange de lait [5].
Matrice : Tu ne peux pas traire les vaches. C'est impossible. Rappelle-toi plutôt de ça… Il n'y a pas de vaches. Tu verras, ce ne sont pas les vaches qui se font traire, mais toi [6].
Nazisme : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend la vache blonde et abat la brune.
Obscurantisme : C'est quoi deux vaches ?
Phallocratie : Vous avez deux vaches. Un taureaux prend le pouvoir.
Protectionnisme : Vous avez deux vaches. Vous ne pouvez acheter un taureau d'un autre pays.
Socialisme : Vous avez deux vaches. Vos voisins vous aident à vous en occuper et vous vous partagez le lait.
Socialisme bureaucratique : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous les prend et les met dans une étable avec les vaches d'autres éleveurs. Les vaches sont entretenues par des ex-éleveurs de volailles. Vous, vous devez vous occuper des volailles qui ont été prises aux éleveurs de volailles.
Social-démocratie : Vous avez deux vaches. Les deux vaches forment un syndicat et se mettent en grève pour réclamer une augmentation de leur ration minimum de soja. Devant votre refus catégorique, elles organisent un blocus des étables et paralysent la distribution de lait. Au bout d'une semaine, voyant que le conflit tourne mal (comme le lait), le gouvernement prend le taureau par les cornes et organise une table ronde.
Totalitarisme : Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend et nie qu'elles ont jamais existé. Le lait est interdit.
Tribalisme : Vous avez deux vaches. Vous en sacrifiez une au dieu Xutlu, et le chef mange la seconde.

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[1] Je précise que cela n'a qu'une intention humoristique... Quoique...
[2] Une variante existe pour celle-là : Vous avez deux vaches, vous en vendez une et vous en achetez deux autres avec le produit de la vente. 
[3] Une variante existe pour celle-là : Vous aviez deux vaches. Consolez-vous, dans la société communiste du futur vous aurez toutes les vaches que vous voudrez. En attendant, faites la queue comme les autres devant la laiterie.
[4] Une variante existe pour celle-là : Vous avez deux vaches, le gouvernement subventionne l'achat de la troisième, mais vous devez vendre les deux premières pour payer vos impôts.
[5] Directement inspiré du film Le Parrain de Francis Ford Coppola (1972), adaptation du livre de Mario Puzo.
[6] Inspiré du film du même nom.

La Déclaration oubliée

En août 1789, l'Assemblée Constituante met la dernière main à ce qui deviendra la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen [1]. Alors que se dégradent les chiffres de la délinquance - les exemples quotidiens de la ville de Marseille nous le montrent - que le gouvernement propose à tour de bras de nouvelles taxes - 75% pour les revenus au-dessus d'un million d'euros, impôt sur l'EBE [2] - et que la liberté de chacun d'investir ou d'entreprendre est de plus en plus compromise, j'aimerais rappeler à nos chers dirigeants ce que déclarait, jadis, le deuxième article de cette déclaration. Il est ainsi rédigé : 
"Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression."
J'invite donc les membres du gouvernements, leur pléthore de conseillers, les députés de tous bords politiques, les sénateurs, les conseillers régionaux et départementaux et plus généralement tous les représentants de notre association politique à se rappeler de ce passage - voire du texte en entier, mais j'en demande peut-être un peu trop - lorsqu'ils prennent une décision ou rédigent une loi. Sans quoi ils ne se montrent pas digne de l'héritage politique et philosophique sur lequel repose notre nation depuis plus de deux cents ans.

A bon entendeur...

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[1] Le texte complet de la Déclaration est disponible à ce lien.
[2] L'impôt sur l'excédent brut d'exploitation (EBE) est inscrit au budget de l'année 2014. Un article sur le sujet est disponible sur le journal Le Huffington Post à ce lien.

Cours d'arithmétique

15 milliards d'euros d'économie. Voilà ce que promet le gouvernement dans son budget 2014. Dans le même temps, Bercy ajoute 18 milliards d'impôts supplémentaire soit, si vous faites la soustraction, 3 milliards d'euros de plus dans les caisses de l'état... Qui ne serviront évidemment pas à faire baisser les déficits, puisque, dans le même temps, le ministère des Finances expliquait que le déficit passera de 4.1 % du PIB cette année à 3.6 % l'année prochaine - contre respectivement 3.7 et 2.9 initialement prévus il y a six mois [1].

Et encore, ces chiffres ne sont valables qu'avec une croissance de 0.9 %, elle aussi revue à la baisse par rapport à la précédente estimation de 1.2 % [2].

Inutile d'être comptable pour comprendre que de nouveaux ajustements seront dès lors nécessaires afin de satisfaire à la fois nos partenaires européens [3] - Allemagne en tête - et les fameux marchés financiers qui, tous les jeudis, sont sollicités par l'Agence France Trésor. Rendez-vous dans six mois...

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[1] Ces chiffres proviennent d'une article du journal Le Figaro disponible à ce lien.
[2] Le FMI prévoit pour sa part une croissance de 0.2 % cette année et de 0.8 % en 2014.
[3] Rappelons à cette occasion que la Commission de Bruxelles a donné à la France jusqu'à 2015 pour revenir sous les 3 % de déficit.

Extrait de Rerum Novarum

En 1891, le pape Léon XIII [1] publiait une Encyclique, nommée "Rerum Novarum" [2]. Dans ce texte, le chef suprême de l'Eglise catholique, décrivait l'évolution de la société occidentale, passé en un siècle d'un monde essentiellement paysan à celui de l'industrie et des bouleversements technologiques et sociaux que cela a engendré.

Analysant cette nouvelle situation, Léon XIII critique ouvertement les dérives du socialisme et du collectivisme, soulignant, par ailleurs, le rôle du capital dans la génération de richesses ainsique la nécessité de préserver la propriété privée [3]. Il énonce aussi l'importance d'un contrat libre, liant le patron et le salarié, avant d'ajouter que les deux parties ainsi engagées se doivent un respect mutuel.

Je vous laisse, maintenant, parcourir les quelques extraits de cette Encyclique.
"La soif d’innovations s’est emparée des sociétés, l’industrie s’est développée. Les rapports entre patrons et ouvriers se sont modifiés. La richesse a afflué entre les mains d’un petit nombre et la multitude a été laissée dans la pauvreté [4]. 
Avec la concentration entre quelques mains de l’industrie et du commerce, un petit nombre d’hommes très riches imposent ainsi une domination presque servile à l’infinie multitude des prolétaires.
L’erreur capitale, c’est de croire que les deux classes sont ennemies, comme si la nature avait armé les riches et les pauvres pour qu’ils se combattent. Car, dans la société, les deux classes ont un besoin impérieux l’une de l’autre : il ne peut y avoir de capital sans capital, ni de travail sans capital.
L’ouvrier doit fournir intégralement et fidèlement tout le travail auquel il s’est engagé par contrat libre. Ses revendications doivent être sans violence.
Quant aux riches et aux patrons, ils ne doivent point traiter l’ouvrier en esclave. Parmi les devoirs du patron, il faut mettre au premier rang celui de donner à chacun le salaire qui convient.
De tout ce que Nous venons de dire, il résulte que la théorie socialiste de la propriété collective est absolument à répudier : le premier principe sur lequel doit se baser le relèvement des classes inférieures est l’inviolabilité de la propriété privée."
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[1] Léon XIII (1810-1903) a été le le 256ème pape de l'Eglise catholique de 1878 à 1903, soit pendant près de 25 ans.
[2] Littéralement "Des choses nouvelles".
[3] Il faut dire qu'à cette époque, l'Eglise avait été expropriée d'une grande partie de ses biens.
[4] Point plus que discutable tant le niveau de vie a augmenté pendant et après la révolution industrielle et la pauvreté diminué.

Interview d'Henri Schneider par Jules Huret

Jules Huret, journaliste connu pour ses interviews d'hommes célèbres - notamment d'écrivains - rapporta la discussion qu'il eût un jour avec Henri Schneider, fils d'Eugène Schneider, premier du nom, co-fondateur avec son frère, Adolphe, des forges du Creusot [1]. La conversation que je rapporte ici, est extraite de son ouvrage Enquête sur la question sociale en Europe publié en 1897.

Les deux hommes y abordent plusieurs thématiques telles que les relations entre le patron et ses ouvriers, le rôle du capital dans l'entreprise ainsi que la réglementation du travail [2]. Au regard des questions posées par Huret et des réponses fournies par l'industriel Schneider, force est de constater, qu'un peu plus d'un siècle plus tard, le débat se poursuit encore. Mais je vous laisse juger par vous-même.

"Henri Schneider : Mais les socialistes, qu’est-ce qu’ils veulent ?
Jules Huret : On dit qu’ils voudraient supprimer le patronat... ou plutôt les privilèges exagérés des patrons.
Henri Schneider : Est-ce admissible ? Ne faut-il pas une tête pour penser ? Rêve-t-on un Pasteur [3] sans tête qui trouverait, avec ses mains ou ses pieds, le moyen de guérir la rage ? De même, comment admet-on une usine sans une tête qui pense pour tous les autres, un patron ?
[...]
Jules Huret : Mais, s’il faut une direction à l’usine, est-il indispensable que ce directeur absorbe à lui seul tous les bénéfices ?
Henri Schneider : Ça, c’est autre chose. Pensez-vous qu’il ne faut pas de l’argent pour faire marcher une « boîte » comme celle-ci ? À côté du directeur, de la tête, il y a le capitaliste, celui qui apporte la forte somme. C’est ce capital qui alimente tous les jours les usines en outillages perfectionnés, le capital sans lequel rien n’est possible, le capital qui nourrit l’ouvrier lui-même. Ne représente-t-il pas une force qui doit avoir sa part des bénéfices ? Comment empêcher le capital de se former ? Je prends un exemple. Il y avait un ouvrier qui gagnait cinq francs par jour. Il s’est dit : « Tiens ! Bibi n’a besoin que de quatre francs pour vivre, Bibi va mettre un franc de côté tous les jours. » Au bout de l’année, il a 365 francs. Il recommence l’année suivante, dix ans, vingt ans de suite, et voilà un capitaliste ! Presque un petit patron ! Son fils pourra agrandir le capital paternel, c’est peut-être une grande fortune qui commence.
Jules Huret : Mais si l’ouvrier a cinq enfants et une femme à nourrir, comment mettra-t-il de l’argent de côté ? Bibi n’aura-t-il pas plutôt faim ?
Henri Schneider (M. Schneider leva les bras et les épaules d’un air qui signifiait) : Qu’y faire ? (avant d'ajouter) Ça, c’est une loi fatale.., On tâche, ici, de corriger, le plus qu’on peut, cette inégalité... mais comment la supprimer ? Oh ! À cet égard, le Pape [4] a dit tout ce qu’il y avait à dire. Je trouve que sa dernière Encyclique est une merveille de sagesse et de bon sens. Il y explique que le patron a des devoirs à remplir vis-à-vis des salariés [5].
Jules Huret : Et l’expropriation des industriels et des capitalistes, annoncée par les marxistes, comment l’envisagez-vous ?
Henri Schneider : C’est du vol ! On peut aller chez vous, prendre tout ce qu’il y a et vous expulser ! Je ne vois vraiment pas comment tout cela pourrait s’arranger.
Jules Huret : Que pensez-vous de l’intervention de l’État ? De la journée de huit heures ?
Henri Schneider : Je n’admets pas du tout l’intervention d’un préfet [6] dans les grèves. C’est comme la réglementation du travail des femmes et des enfants [7]. On décourage les patrons de les employer. Pour moi, la vérité, c’est qu’un ouvrier bien portant peut très bien faire ses dix heures de travail par jour et qu’on doit le laisser libre de travailler davantage si ça lui fait plaisir."

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[1] Les forges ayant fait faillite en 1833, les frères Adolphe et Eugène Schneider les rachetèrent avec l'appui de la banque Seillière.
[2] Pourtant bien peu contraignante à l'époque en comparaison d'aujourd'hui !
[3] Il s’agit bien ici du célèbre scientifique, découvreur du vaccin contre la rage.
[4] Ici, Henri Schneider fait allusion au pape Léon XIII, auteur de l'Encyclique "Rerum Novarum" en 1891, dans laquelle il critique l'idée de lutte des classes et plus généralement de socialisme, considérant que patron et salarié sont indispensable l'un à l'autre.
[5] Notamment au niveau des salaires.
[6] Le préfet est le représentant du ministère de l'intérieur chargé du maintien de l'ordre public.
[7] Je précise ici que le travail des enfants était déjà interdit avant l'âge de 12 ans à cette époque (et ce depuis 1840). La famille Schneider avait, à cet égard, fait bâtir des écoles pour éduquer et former les enfants des ouvriers.

La diplomatie du basket-ball

C'est officiel, Dennis Rodman, ancienne gloire du basket-ball américain et trois fois champion NBA avec les célèbres Chicago Bulls de Michael Jordan [1], va entraîner l'équipe nationale de la Corée du Nord [2]. Dans le même temps, le nouveau sélectionneur annonçait que deux rencontres auraient lieu au début du mois de janvier entre des joueurs nord-coréens et américains [3]. L'objectif - quelque peu ambitieux - annoncé est la participation aux prochains Jeux Olympiques, à Rio en 2016.

Toutes proportions gardées, cela rappelle l'époque où la délégation américaine s'était rendue au Japon à l'occasion des championnats du monde de ping-pong en 1971. La rencontre entre des joueurs américains et chinois - notamment une partie tardive entre Glenn Gowan et Zhuang Zedong qui se termina par le raccompagnement de l'Américain dans le car de la délégation chinoise et l'échange de cadeaux [4] - favorisa, à l'époque, un rapprochement entre les deux nations tant et si bien que les Américains furent invités quelques jours plus tard en Chine. Une première depuis 1949.

L'actuel leader du pays le plus fermé du monde, Kim Jong-un, serait, d'après les informations fragmentaires dont on dispose, un grand amateur de basket-ball et plus particulièrement du championnat nord-américain [5]. Il semblerait donc assez probable que le chef suprême de la République Populaire Démocratique de Corée - sous l'influence de Beijing - s'inspire de cette fameuse histoire pour se rapprocher des Américains après l'escalade de menaces qui ont été proférées au cours des derniers mois dans la péninsule. Entre temps, il aura compris que l'utilisation de l'arme nucléaire, que semble détenir Pyongyang, constituerait un suicide et la perte de son pouvoir.

Cette politique de détente est aussi à l'ordre du jour avec le voisin du Sud puisque la réouverture site de Kaesong, à la frontière des deux pays, a été annoncée dans la foulée [6]. Le signe que le régime de Pyongyang veut détendre ses relations diplomatiques avec les pays occidentaux, et notamment celles avec Washington. L'hiver approchant, la nourriture se raréfie et il ne fait aucun doute que le besoin de l'aide extérieure commence à se faire sentir dans la population affamée. Il faut, à cette occasion rappeler, que depuis la chute brutale de l'Union Soviétique en 1991, Pyongyang ne dispose plus des immenses moyens et ressources du monde communiste. Sans l'aide humanitaire internationale dont le pays bénéficie aujourd'hui, des millions de gens seraient condamnés à la famine [7].

Bien que la décision de Dennis Rodman soit critiquable d'un point de vue morale - le régime nord-coréen n'est pas réputé pour respecter les droits de l'homme [8] - et qu'elle s'accompagne d'une probable forte rémunération de l'ancien joueur [9], il est à espérer que les deux matches de prévu entre les deux pays soient l'occasion d'un rapprochement symbolique, synonyme d'un rapprochement diplomatique dans un proche avenir. Plus que tout, les occidentaux doivent y voir une chance d'infléchir la position de Pyongyang, avec à terme, espérons-le la chute de cet état totalitaire [10]. Une chance qui ne se représentera peut-être pas de sitôt...

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[1] Trois titres obtenus entre 1996 et 1998.
[2] L'information est consultable sue le site du journal Le Figaro à ce lien.
[3] Scottie Pippen et Karl Malone, anciens stars de la NBA, seraient attendus...
[4] Connue sous le nom de "Diplomatie du ping-pong", elle déboucha sur la reconnaissance de la Chine communiste par le président Nixon en 1972.
[5] Il aurait découvert ce sport pendant ses études en Suisse.
[6]  La nouvelle a été rendue publique par Radio France International et est disponible à ce lien.
[7] L'aide n'est d'ailleurs pas suffisante.
[8] Rappelons du destin du sélectionneur de l'équipe de football lors de la Coupe du Monde 2010.
[9] Dennis Rodman serait, selon la rumeur, ruiné.
[10] Je rappelle que des camps de travail existent encore dans le pays. Des milliers de personnes y seraient détenus.

Résistance !

Demain, une journée de mobilisation pour protester contre la réforme des retraites du gouvernement Ayrault a été décidée par plusieurs syndicats à travers le pys. Pour tous le mot d'ordre est simple : "nous ne travaillerons pas un trimestre de plus, ni n'accepterons de baisses des pensions de retraites" [1]. 

Et pourtant avec l'actuel système et la démographie qui est la nôtre, il ne fait plus aucun doute que c'est ce qui va leur (nous ?) arriver ! Soyons réalistes : comme de plus en plus de gens veulent toucher une retraite, il faut soit de nouveaux pigeons pour donner de l'argent, soit que les pigeons actuels donnent plus ou plus longtemps... Une véritable chaîne de Ponzi [2] formée depuis plus de 60 ans. Si elle n'était pas soutenue par l'état, elle se serait effondrée depuis bien longtemps. D'ailleurs même avec son aide, je vous fais le pari qu'elle ne tiendra pas encore des années... Le système par répartition a fait son temps et est aujourd'hui en équilibre instable. Il finira tôt ou tard par s'effondrer, emportant avec lui des millions de personnes qui n'auront plus que leurs yeux pour pleurer.

Rafistoler ce système, comme l'ont fait presque toutes les majorités ces vingt dernières années, ne fait que repousser un peu plus l'échéance. Encore un peu monsieur le bourreau. Une énième réforme ne permettra pas d'équilibrer les caisses de retraites sur le long terme et à n'en point douter, une autre sera nécessaire avant la fin de la décennie.

La véritable urgence, aujourd’hui, n'est pas de manifester pour sauver le système mais de se battre pour en créer un nouveau. Mais afin de protéger leurs petits avantages, leurs petits privilèges [3], grappillés çà et là depuis des décennies à force de manipulation des majorités successives, les syndicats de toutes les tendances préfèrent freiner des quatre fers. Il faut dire qu'avec les subventions reçues de l'état, on ne peut pas penser réellement qu'ils défendent les droits du salarié lambda, tout juste bon à remplir les cortèges...

Pendant ce temps, les actifs paient pour leurs aînés sans assurance que le système sera encore opérationnel quand viendra l'heure pour eux de prendre leur retraite. Ils peuvent voir se profiler un futur sous forme d'une double peine : continuer à nourrir l’ogre de la répartition - au nom de la solidarité nationale - tout en essayant de se constituer un capital retraite car ils savent que la rente mensuelle de l'état ne sera pas suffisante pour vivre décemment, et ce malgré une vie de travail. C'est ici, et pas ailleurs, que réside la vraie injustice.

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[1] J'avoue le plagiat de la formule de Gérard Filoche.
[2] Bernard Madoff en a été l'un des plus ardents promoteurs.
[3] Par exemple les régimes spéciaux de la fonction publique.

Vers Paris 2024 ?

La nouvelle est tombée hier : Tokyo organisera les Jeux Olympiques d'été en 2020 [1]. Au moment où le pays doit encore affronter les terribles conséquences du Tsunami de 2011 - et notamment le démantèlement du complexe nucléaire de Fukushima - la population du pays s'est réveillée avec, semble-t-il, l'ambition de prouver au monde qu'elle pourrait faire face à ses deux événements.

Pourtant, elle ne pourra pas faire oublier au monde la note que va devoir payer le contribuable japonais pour organiser cette olympiade : 5.9 milliards d'euros auxquels s'ajoutent une cinquantaine de millions déjà dépensés pour la candidature et la campagne qui ont déjà eu lieu [2]. Et encore, ce n'est qu'une estimation car, à n'en point douter, cette somme sera bien supérieure comme cela a souvent été le cas par le passé pour les précédentes villes organisatrices.

En France, cette information a tôt fait de raviver les espoirs de voir à nouveau le drapeau aux cinq anneaux [3] flotter à nouveau dans le ciel de Paris. Pour 2024. En effet, comme il est désormais admis que l'événement doit changer de continent à chaque édition, la victoire de Tokyo semble être de bon augure pour une ville européenne. Istanbul, vaincue cette fois-ci, ne manquera pas de retenter l'aventure et Rome a déjà annoncé son intérêt. Reste notre capitale. Les partisans d'une candidature ont déjà un argument tout trouvé : cela fera exactement un siècle que les derniers Jeux d'été ont été organisés en France [4]. Une occasion en or que ne manqueront pas d'exploiter d'éventuels slogans.

Alors que les municipales approchent, les deux candidates désignées, pourraient reprendre le flambeau abandonné en 2005 par Bertrand Delanoë, après la campagne "Paris 2012" qui s'était soldée, rappelons-le, par une défaite amère et cinglante contre la ville de Londres [5]. Une déception pour certains. Un ouf de soulagement pour d'autres. Je fais partie de la deuxième catégorie. Car bien que je sois un spectateur friand de ce genre d'événements, je considère, néanmoins qu'il faut s'y reprendre à deux fois avant d'en accepter l'organisation. La principale raison qui peut amener à réfléchir est l'investissement qui doit être entrepris. Je pose donc la question : est-ce bien raisonnable pour une ville déjà fortement endettée - 10 milliards d'euros [6] - de se lancer dans une telle aventure ? Doit-on faire porter au contribuable de nouvelles dépenses et donc de nouvelles taxes ? Ce serait absurde, non ?

Cependant, ils sont nombreux à essayer de convaincre l'auditoire du bien-fondé d'un tel investissement. "Cela créera des emplois", disent les uns, "les touristes afflueront dans la capitale", nous déclarent les autres. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de voir à quel point certaines infrastructures construites à l'occasion des Jeux restent désespéramment inutilisées avant de devenir inutilisables [7]. De véritables éléphants blancs. Sans compter que les fameux emplois créés pour construire ces édifices ne sont qu'une illustration de plus du sophisme de Bastiat, "il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas"... Alors sont-ils vraiment nécessaires ?

Enfin, l'argument qui consiste à dire que la France, en tant que grande puissance, doit organiser de grandes compétitions sportives est caduque quand on se rappelle qu'elle accueille en 2016, l'Euro de football...

Plus sérieusement, ceux qui veulent vraiment voir les Jeux - d'été ou d'hiver [8] - venir en France doivent comprendre que c'est à eux de mettre la main à la poche et en aucun cas au contribuable qui au mieux se désintéressera de l'événement ou au pire devra subir quinze jours de blocage complet de la ville. Seul le consommateur doit payer, pas le contribuable. Et cette règle devrait valoir pour toute dépense, au sens général du terme : au nom d'une quelconque solidarité nationale, aucune entité ne devrait pouvoir utiliser de l'argent public. Surtout si au final, il doit éponger sur plusieurs décennies les décisions inconsidérées de ses représentants politiques [9].

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[1] Infomation disponible sur le site du journal Le Figaro à ce lien.
[2] Information relayée par le journal L'Equipe et disponible à ce lien.
[3] Dessiné par Pierre de Coubertin, l'inventeur des Jeux Olympiques modernes.
[4] Paris a organisé les Jeux d'été en 1900 et en 1924. La France avait aussi accueilli les Jeux d'hiver la même année à Chamonix. Grenoble lui succédera en 1968 et Albertville en 1992.
[5] Le lobbying avait eu raison de la candidature parisienne...
[6] Selon une estimation du journal L'Express consultable à ce lien.
[7] Allez jeter un coup d’œil à la piste de bobsleigh de la Plagne...
[8] Qui se souvient de la calamiteuse campagne d'Annecy il y a deux ans, pour les Jeux d'hiver de 2018 ?
[9] Un exemple parmi d'autres : le stade olympique de la ville de Montréal, construit à l'occasion des Jeux d'été 1976, est dans un état de délabrement avancé alors qu'il n'est pas fini de rembourser...